Umami [Laïa Jufresa]

L'auteur : Née en 1983 au Mexique, Laïa Jufresa a fait ses études en France, aux États-Unis et en Argentine. Umami est son premier roman.

L'histoire : «Tenter de dire qui était ma femme est aussi indispensable qu’impossible à expliquer, comme l’umami, ce goût imprégnant les papilles sans pour autant se laisser saisir, naviguant tranquille entre salé et sucré. Un titre parfait parce qu’incompréhensible ; d’ailleurs, je n’ai jamais totalement compris Noelia Vargas Vargas. Voilà peut-être pourquoi je ne me suis jamais lassé d’elle. Peut-être que c’est uniquement ça l’amour.»

Mon avis : Umami, c’est le nom de cette cinquième saveur officialisée en 1985. C’est aussi le nom de la maison d’Alf, les quatre autres reprenant également chacune le nom des autres goûts. S’il n’est que peu question de cuisine dans ce roman, il est surtout question du goût de la vie, qui, par la voix des différents membres de cette communauté, va prendre des teintes très variées, en commençant par celle de l’amertume du deuil.

Ana, du haut de ses 13 ans, porte un regard éclairé sur ce qui l’entoure, contemplant la douleur de sa mère après la noyade de sa sœur. Son amie Pina vit seule avec son père depuis que sa mère est partie on ne sait trop où. Marina est une jeune artiste souffrant psychologiquement et qui a pris son indépendance. Alf, propriétaire de toutes ces habitations et anthropologue, se console en écrivant de la mort de sa femme. Et comme un fantôme, planant au dessus de tout ce monde, Luz, la sœur d’Ana. Dans chaque habitation, les êtres ont été abimés : deuil, maladie, détresse… Pourtant, la vie continue avec ses peines et ses joies, avec sa poésie et son humour. Chaque personnage sait être attachant à sa manière, dans sa lutte pour se réinventer ou se reconstruire.

Les mots simples de Laïa Jufresa font un tissage tout en sobriété des relations de chacun, basées sur de petits riens de la vie quotidienne. Par leur monologue, chacun à tour de rôle donne son point de vue sur la situation. La construction est faite par anecdotes qui s’assemblent ensuite comme un puzzle, pour former une vue d’ensemble. Ce procédé narratif se double d’une remontée dans le temps, puisqu’on navigue de 2005 à 2001. J’ai du coup trouvé qu’on y perdait en ressenti, et j’ai eu du mal à m’attacher aux personnages, perdue que j’étais entre différents narrateurs, différentes époques et des fin de chapitres parfois abruptes.  Si une douce mélancolie baigne ce roman, ça n’a parfois pas suffi à me ramener dans cette découverte d’un autre visage du Mexique, loin de la violence qu’on lui prête bien trop souvent.

Je retiens cependant une plume pleine de douceur et une autre vision du Mexique.

Umami, de Laïa Jufresa
Traduit par Margot Nguyen Béraud
Éditions Folio
Mars 2017

Commentaires

Alex Mot-à-Mots a dit…
Il ne t'a pas laissé un bon goût, finalement.
La chèvre grise a dit…
@ Alex Mot-à-Mots : si, la plume est vraiment agréable, c'est plutôt le découpage qui m'a perdue.

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